Dans le monde de la danse contemporaine, une collaboration unique entre artistes du Burkina Faso et de l'Acadie a donné naissance à une œuvre poignante et réflexive : "Mémoire d'un temps".
En seulement 20 heures, les artistes Chantal Cadieux, Arouna Coulibaly, Sabrina Dupuis et Fidèle Dabiré (Delfy), ont réussi l'exploit de créer un nouveau spectacle, plongeant dans l'exploration de leurs cultures respectives. Cette immersion rapide a permis une fusion unique des traditions artistiques, donnant naissance à une œuvre qui parle autant du passé que du présent et de l'avenir.
"Mémoire d'un temps" ne se contente pas de divertir ; il interroge. Les artistes ont abordé des questions fondamentales sur la gouvernance du monde et le destin de l'humanité. Comme l'exprime l'un des créateurs, Delfy : "Qu'est-ce que le peuple veut ? Qu'est-ce que l'humanité veut ?" Ces réflexions ont nourri la chorégraphie, transformant chaque mouvement en une déclaration puissante.
Les artistes se voient comme les porte-parole des sans-voix, avec pour mission de véhiculer les aspirations des peuples : l'amour, la solidarité, la paix. Cette approche donne à "Mémoire d'un temps" une dimension profondément humaine et engagée.
L'un des aspects les plus fascinants de cette création est le parallèle historique qu'elle établit. Les artistes ont puisé dans l'histoire douloureuse de la déportation des Acadiens, créant un lien inattendu mais puissant avec la tragédie des bateaux négriers qui ont déporté les ancêtres africains. Ce pont historique entre deux peuples déracinés ajoute une couche de profondeur émotionnelle à la pièce.
« La musique joue un rôle central dans ce spectacle. Chaque parole a son propre rythme, et le défi consiste à soutenir l'émotion de la parole » explique Arouna Coulibaly, le korafola.
La Kora : un instrument de patience et d'amour
La kora occupant une place d'honneur sur la scène à piquée ma curiosité. Cet instrument traditionnel d'Afrique de l'Ouest, autrefois réservé aux rois et reines, apporte une dimension culturelle riche et profonde au spectacle.
Quand j’ai demandé à Arouna Coulibaly si c’était difficile à apprendre à jouer de cet instrument, il m’a offert une réflexion poignante sur la signification de la kora :
"La Kora c'est la patience, d'abord il faut avoir l'amour de l'instrument et l’amour de soi. Quand l'amour vient, le temps vient aussi. Celui qui n'a pas l'amour, n'a pas le temps."
Ces paroles révèlent la profondeur spirituelle associée à la pratique de la kora. Plus qu'un simple instrument de musique, la kora devient une métaphore de la vie elle-même, où la patience et l'amour sont les clés de la maîtrise et de l'épanouissement.
La présence de la kora ne se limite pas à son rôle musical. Elle incarne le lien avec le passé, avec les traditions ancestrales, tout en participant pleinement à cette création contemporaine. Elle nous invite à ralentir, à écouter, à ressentir - des invitations précieuses dans notre monde souvent frénétique.
L'un des aspects les plus beaux de cette collaboration est la façon dont les artistes s'inspirent mutuellement. Cette synergie créative transcende les différences culturelles, donnant naissance à une œuvre véritablement unique et multiculturelle.
Chantal Cadieux, exprime sa joie face à l'appréciation du public. Pour elle, c'est l'une des raisons principales pour lesquelles elle danse et crée. « Cette connexion avec le public donne tout son sens à la démarche artistique de la résidence » dit-elle.
Les artistes expriment leur espoir de "voyager" avec le public à travers cette œuvre. Cette invitation au voyage n'est pas seulement géographique, mais aussi émotionnelle et intellectuelle, offrant aux spectateurs une opportunité de réfléchir sur notre histoire commune et notre humanité partagée.
Que le spectacle continue son voyage! Enfin voilà mon souhait car il promet d'ouvrir de nouvelles perspectives, de toucher divers publics, et de contribuer de manière significative au paysage de la danse contemporaine à l'échelle mondiale. "Mémoire d'un temps" restera sans doute un brillant exemple de la puissance de l'art pour unir les peuples, inspirer le changement et donner une voix à ceux qui en ont été privés.
Véronique
Sabrina Dupuis, Chantal Cadieux, Arouna Coulibaly et Fidèle Dabiré (Delfy)
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